Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
YVETTE.

sans embarras, et, d’un ton familier, bien que grave :

— Bonjour, Muscade, ça va bien ?

— Bonjour, mam’zelle, pas mal, et vous ?

Il la guettait.

— Quelle comédie va-t-elle me jouer ? — se disait-il.

La marquise ayant pris le bras de Saval, il prit celui d’Yvette et ils se mirent à tourner autour du gazon, paraissant et disparaissant à tout moment derrière les massifs et les bouquets d’arbres.

Yvette allait d’un air sage et réfléchi, regardant le sable de l’allée, paraissant à peine écouter ce que disait son compagnon et n’y répondant guère.

Tout à coup, elle demanda :

— Êtes-vous vraiment mon ami, Muscade ?

— Parbleu, mam’zelle.

— Mais là, vraiment, vraiment, bien vraiment de vraiment ?

— Tout entier votre ami, mam’zelle, corps et âme.

— Jusqu’à ne pas mentir une fois, une fois seulement ?

— Même deux fois, s’il le faut.