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YVETTE.

Il reçut le livre, l’ouvrit, resta surpris. C’était un traité d’entomologie. Une histoire des fourmis par un auteur anglais. Et comme il demeurait immobile, croyant qu’elle se moquait de lui, elle s’impatienta :

— Voyons, lisez, dit-elle.

Il demanda :

— Est-ce une gageure ou bien une simple toquade ?

Non, mon cher, j’ai vu ce livre-là chez un libraire. On m’a dit que c’était ce qu’il y avait de mieux sur les fourmis, et j’ai pensé que ce serait amusant d’apprendre la vie de ces petites bêtes en les regardant courir dans l’herbe, lisez.

Elle s’étendit tout du long, sur le ventre, les coudes appuyés sur le sol et la tête entre les mains, les yeux fixés dans le gazon.

Il lut :

« Sans doute les singes anthropoïdes sont, de tous les animaux, ceux qui se rapprochent le plus de l’homme par leur structure anatomique ; mais si nous considérons les mœurs des fourmis, leur organisation en sociétés, leurs vastes communautés, les maisons et les routes qu’elles construisent, leur habitude de domestiquer des animaux, et même parfois