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YVETTE.

Saval répondit :

— Je n’en demande pas tant. Je ne regarde pas derrière les yeux. Je me préoccupe peu du contenu, mais beaucoup du contenant.

Et Servigny murmura :

— C’est égal, Yvette est une singulière personne. Comment va-t-elle me recevoir ce matin ?

Comme ils arrivaient à la Machine de Marly, ils s’aperçurent que le ciel pâlissait.

Des coqs commençaient à chanter dans les poulaillers ; et leur voix arrivait, un peu voilée par l’épaisseur des murs. Un oiseau pépiait dans un parc, à gauche, répétant sans cesse une petite ritournelle d’une simplicité naïve et comique.

— Il serait temps de rentrer, déclara Saval.

Ils revinrent. Et comme Servigny pénétrait dans sa chambre, il aperçut l’horizon tout rose par sa fenêtre demeurée ouverte.

Alors il ferma sa persienne, tira et croisa ses lourds rideaux, se coucha et s’endormit enfin.

Il rêva d’Yvette tout le long de son sommeil.