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YVETTE.

Une voix répondit :

— C’est toi, Jean ?

— Oui. Attends-moi, je descends.

Il s’habilla, sortit, et, rejoignant son ami qui fumait, à cheval sur une chaise de fer :

— Qu’est-ce que tu fais là, à cette heure ?

Saval répondit :

— Moi, je me repose !

Et il se mit à rire.

Servigny lui serra la main :

— Tous mes compliments, mon cher. Et moi je… je m’embête.

— Ça veut dire que…

— Ça veut dire que… Yvette et sa mère ne se ressemblent pas.

— Que s’est-il passé ? Dis-moi ça !

Servigny raconta ses tentatives et leur insuccès, puis il reprit :

— Décidément, cette petite me trouble. Figure-toi que je n’ai pas pu m’endormir. Que c’est drôle, une fillette. Ça a l’air simple comme tout et on ne sait rien d’elle. Une femme qui a vécu, qui a aimé, qui connaît la vie, on la pénètre très vite. Quand il s’agit d’une vierge, au contraire, on ne devine plus rien. Au fond, je commence à croire qu’elle se moque de moi.