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YVETTE.

Sans dire un mot, il offrit son bras, et ils traversèrent le grand salon.

Saval n’était plus seul. La marquise Obardi l’avait rejoint. Elle lui parlait de choses mondaines, de choses banales avec cette voix ensorcelante qui grisait. Et, le regardant au fond de la pensée, elle semblait lui dire d’autres paroles que celles prononcées par sa bouche. Quand elle aperçut Servigny, son visage aussitôt prit une expression souriante et, se tournant vers lui :

— Vous savez, mon cher duc, que je viens de louer une villa à Bougival pour y passer deux mois. Je compte que vous viendrez m’y voir. Amenez votre ami. Tenez, je m’y installe lundi, voulez-vous venir dîner tous les deux samedi prochain ? Je vous garderai toute la journée du lendemain.

Servigny tourna brusquement la tête vers Yvette. Elle souriait, tranquille, sereine, et elle dit avec une assurance qui n’autorisait aucune hésitation :

— Mais certainement que Muscade viendra dîner samedi. Ce n’est pas la peine de le lui demander. Nous ferons un tas de bêtises, à la campagne.

Il crut voir une promesse naître dans son