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YVETTE.

fête, une odeur de fleurs, de parfums, de femmes, alourdissait l’air ; et un grand murmure confus et continu venait des pièces voisines qu’on sentait pleines de monde.

Une sorte de maître des cérémonies, haut, droit, ventru, sérieux, la face encadrée de favoris blancs, s’approcha du nouveau venu en demandant avec un court et fier salut :

— Qui dois-je annoncer ?

Servigny répondit : Monsieur Saval.

Alors, d’une voix sonore, l’homme, ouvrant la porte, cria dans la foule des invités :

— Monsieur le duc de Servigny.

— Monsieur le baron Saval.

Le premier salon était peuplé de femmes. Ce qu’on apercevait d’abord, c’était un étalage de seins nus, au-dessus d’un flot d’étoffes éclatantes.

La maîtresse de maison, debout, causant avec trois amies, se retourna et s’en vint d’un pas majestueux, avec une grâce dans la démarche et un sourire sur les lèvres.

Son front étroit, très bas, était couvert d’une masse de cheveux d’un noir luisant, pressés comme une toison, mangeant même un peu des tempes.

Elle était grande, un peu trop forte, un