Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/251

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE GARDE. 2 yj

Le garde eut une sorte de sursaut et, me regardant brusquement en face ;

— Eh bien, monsieur, j'aime mieux vous dire la chose tout de suite; oui, j'aime mieux : c'est rapport à lui que j'en ai sur le cœur.

— Ah ! ah ! Eh bien, où est-il donc?

— II est dans l'écurie, monsieur, j'attendais le moment pour qu'il paraisse.

— Qu'est-ce qu'il a donc fait?

— Voilà la chose, monsieur...

Le garde hésitait cependant, la voix chan- gée, tremblante, la figure creusée soudain par des rides profondes, des rides de vieux.

II reprit lentement :

— Voilà. J'ai bien vu, cet hiver, qu'on colletait dans le bois des Roseraies, mais je ne pouvais pas pincer l'homme. J'y passai des nuits, monsieur, encore des nuits. Rien. Et, pendant ce temps-là, on se mit à colleter du côté d'Ecorcheville. J'en maigrissais de dépit. Mais, quant à prendre le maraudeur, impos- sible! On aurait dit qu'il était prévenu de mes marches, le gueux, et de mes projets.

Mais v'Ià qu'un jour, en brossant la culotte à Marius, sa culotte des dimanches, je trouvai quarante sous dans sa poche. Où' s qu'il avait eu ça, le gars?