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MOHAMMED-FRIPOUILLE. 229

II chargea, tout seul , ce bataillon de remelles en loques, et il se mit à sabrer, le gueux, à sabrer comme un forcené, avec une telle rage, un tel emportement, qu'on voyait tomber un corps blanc chaque fois que s'abattait son bras.

II était tellement terrible que les femmes, épouvantées, s'enfuirent ^ussi vite qu'elles étaient arrivées, laissant sur la place une dou- zaine de mortes et de blessées dont le sang rouge tachait les vêtements pâles.

Et Mohammed, le visage bouleversé, revint vers nous, répétant :

— Filons, filons, mes fils; elles vont re- venir.

Et nous battîmes en retraite, conduisant d'un pas lent nos prisonniers paralysés par la peur de la strangulation.

Le lendemain, midi sonnait comme nous arrivions à Boghar avec notre chaîne de pen- dus. Il n'en était mort que six en route. Mais il avait fallu bien souvent desserrer les nœuds d'un bout à l'autre du convoi, car toute se- cousse étranglait d'un seul coup une dizaine de captifs.

Le capitaine se tut. Je ne répondis rien. Je songeais à l'étrange pays où l'on pouvait voir