22 8 MOHAMMED-FRIPOUILLE.
ramassa quelques bijoux d'argent oubliés par les fugitifs.
Nous achevions tranquillement notre repas quand j'aperçus, sur la colline d'en face, un sino-ulier rassemblement. C'étaient les femmes qui s'étaient sauvées tout à l'heure, rien que les femmes. Et elles venaient vers nous en courant. Je les montrai à Mohammed-Fri- pouille.
Il sourit.
— C'est le dessert! dit-il.
Ah! oui, le dessert!
Elles arrivaient, galopant comme des force- nées, et bientôt nous fûmes criblés de pierres qu'elles nous lançaient sans arrêter leur course, et nous vîmes qu'elles étaient armées de cou- teaux, de pieux de tente et de vieilles vais- selles.
Mohammed cria : « A cheval !» Il était temps. L'attaque fut terrible. Elles venaient délivrer les prisonniers et cherchaient à couper la corde. Le Turc, comprenant le danger, devint furieux et hurla : « Sabrez ! — sabrez ! — sabrez ! » Et comme nous demeurions im- mobiles, troublés devant cette charge d'un nouveau genre, hésitant à tuer des femmes, il s'élança sur la troupe envahissante.