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MOHAMMED-FRIPOUILLE. 2 I 9

Donc, nous étions à Boghar une quaran- taine de spahis, une compagnie de joyeux, plus un escadron de chasseurs d'Afrique, quand on apprit que la tribu des Ouled- Berghi avait assassiné un voyageur anglais venu on ne sait comment dans ce pays, car les Anglais ont le diable au corps.

Il fallait faire justice de ce crime commis sur un Européen; mais le commandant supé- rieur hésitait à envoyer une colonne, trou- vant vraiment qu'un Anglais ne valait pas tant de mouvement.

Or, comme il causait de cette affaire avec le capitaine et le lieutenant, un maréchal des logis des spahis, qui attendait pour le rapport, proposa, tout à coup, d'aller châtier la tribu si on lui donnait six hommes seule- ment.

Vous savez que dans le Sud on est plus libre que dans les garnisons des villes, et il existe, entre l'officier et le soldat, une sorte de camaraderie qu'on ne retrouve pas ailleurs.

Le capitaine se mit à rire :

^- Toi, mon brave?

— Oui, mon cap'taine, et, si vous le dé- sirez, je vous ramènerai toute la tribu pri- sonnière.