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L'ABANDONNÉ. 175

rette arrêtée devant une sorte de maison basse, et, sous un hangar, deux hommes qui ferraient un cheval.

M. d'Apreval s'approcha.

— La ferme de Pierre Bénédict? cria-t-il. Un des hommes répondit :

— Prenez I' chemm de gauche, tout contre le p'tit café, et pi suivez tout drait, c'est la troisième après la celle à Poret.Ya une sapi- nette près d'Ia barrière. Ya pas à se tromper.

Ils tournèrent à gauche. Elle allait tout dou- cément maintenant, les jambes défaillantes, le cœur battant avec tant de violence qu'elle suffoquait.

A chaque pas, elle murmurait, comme pour une prière :

— Mon Dieu! oh! mon Dieu!

Et une émotion terrible lui serrait la gorge, la faisait vaciller sur ses pieds comme si on lui eût coupé les jarrets.

M. d'Apreval, nerveux, un peu pâle, lui dit brusquement :

— Si vous ne savez pas vous maîtriser da- vantage, vous allez vous trahir tout de suite. Tâchez donc de vous dominer.

Elle balbutia :

— Est-ce que je le puis? Mon enfant!