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1 y 4 L'ABANDONNE.

abandonnés, comme ils doivent haïr leurs mères !

Elle s'arrêta brusquement, étranglée par les sanglots. Tout le vallon était désert et muet sous la lumière accablante du jour. Seules, les sauterelles jetaient leur cri sec et continu dans l'herbe jaune et rare des deux côtés de la route.

— Asseyez-vous un peu, dit-il.

Elle se laissa conduire jusqu'au bord du fossé et s'afiPaissa, la figure dans ses mains. Ses cheveux blancs, tordus en spirales des deux côtés de son visage, se déroulaient, et elle pleurait, déchirée par une douleur profonde.

Il restait debout en face d'elle, inquiet, ne sachant que lui dire. Il murmura :

— Allons... du courage. Elle se releva :

— J'en aurai.

Et, s'essuyant les yeux, elle se remit en marche d'un pas saccadé de vieille.

La route s'enfonçait, un peu plus loin, sous un bouquet d'arbres qui cachait quelques maisons. Ils distino-uaient maintenant le choc

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vibrant et régulier d'un marteau de forge sur une enclume.

Et bientôt ils virent, sur la droite, une char-