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L'ABANDONNÉ. I (h)

Ils avaient suivi la longue rue qui va de la mer à la ville. Ils tournèrent à droite pour monter la cote d'Etretat. La route blanche se déroulait sous une pluie brûlante de soleil.

Ils allaient lentement sous l'ardente cha- leur, à petits pas. Elle avait passé son bras sous celui de son ami, et elle regardait droit devant elle d'un regard fixe, hanté!

Elle prononça :

— Ainsi, vous ne l'avez jamais revu non plus?

— Non, jamais!

— Est-ce possible?

— Ma chère amie, ne recommençons point cette éternelle discussion. J'ai une femme et des enfants, comme vous avez un mari, nous avons donc l'un et l'autre tout à craindre de l'opinion.

Elle ne répondit point. Elle songeait à sa jeunesse lointaine, aux choses passées, si tristes.

On l'avait mariée, comme on marie les jeunes filles. Elle ne connaissait guère son fiancé, un diplomate, et elle vécut avec lui, plus tard, de la vie de toutes les femmes du monde.

Mais voilà qu'un jeune homme, M. d'Apre-