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LE RETOUR. ' ) 5

— Le r' voilà.

Elles sont inquiètes depuis le matin, parce qu'un homme rôde autour de la maison : un vieux homme qui a l'air d'un pauvre. Elles l'ont aperçu comme elles allaient conduire le père à son bateau, pour l'embarquer. II était assis sur le fossé, en face de leur porte. Puis, quand elles sont revenues de la plage, elles l'ont retrouvé là, qui regardait la maison.

II semblait malade et très misérable. II n'avait pas bougé pendant plus d'une heure; puis, voyant qu'on le considérait comme un malfaiteur, il s'était levé et était parti en traî- nant la jambe.

Mais bientôt elles l'avaient vu revenir de son pas lent et fatigué; et il s'était encore assis, un peu plus loin cette fois, comme pour les guetter.

La mère et les fillettes avaient peur. La mère surtout se tracassait parce qu'elle était d'un naturel craintif, et que son homme, Lé- vesque, ne devait revenir de la mer qu'à la nuit tombante.

Son mari s'appelait Lévesque; elle, on la nommait Martin, et on les avait baptisés les Martin-Lévesque. Voici pourquoi : elle avait épousé en premières noces un matelot du