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YVETTE.

La marquise s’approcha, et parlant à mi-voix comme auprès d’une convalescente :

— Eh bien, te trouves-tu mieux ? Tu ne veux pas manger un œuf ?

— Non, merci, rien du tout.

MmeObardi s’était assise près du lit. Elles demeurèrent sans rien dire, puis, enfin, comme sa fille restait immobile, les mains inertes sur les draps.

— Ne vas-tu pas te lever ?

Yvette répondit :

— Oui, tout à l’heure. Puis d’un ton grave et lent :

— J’ai beaucoup réfléchi, maman, et voici… voici ma résolution. Le passé est le passé, n’en parlons plus. Mais l’avenir sera différent… ou bien… ou bien je sais ce qui me resterait à faire. Maintenant, que ce soit fini là-dessus.

La marquise, qui croyait terminée l’explication, sentit un peu d’impatience la gagner. C’était trop maintenant. Cette grande bécasse de fille aurait dû savoir depuis longtemps. Mais elle ne répondit rien et répéta :

— Te lèves-tu ?

— Oui, je suis prête.

Alors sa mère lui servit de femme de