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YVETTE.

gny ? C’est un vrai temps pour prendre le frais sous les arbres.

Yvette lui jeta un regard rapide, vite détourné :

— Non, maman, aujourd’hui je ne sors pas.

La marquise parut contrariée, elle insista :

— Va donc faire un tour, mon enfant, c’est excellent pour toi.

Alors, Yvette prononça d’une voix brusque :

— Non, maman, aujourd’hui je reste à la maison, et tu sais bien pourquoi, puisque je te l’ai dit l’autre soir.

Mme Obardi n’y songeait plus, toute préoccupée du désir de demeurer seule avec Saval. Elle rougit, se troubla, et, inquiète pour elle-même, ne sachant comment elle pourrait se trouver libre une heure ou deux, elle balbutia :

— C’est vrai, je n’y pensais point, tu as raison. Je ne sais pas où j’avais la tête.

Et Yvette, prenant un ouvrage de broderie qu’elle appelait le « salut public », et dont elle occupait ses mains cinq ou six fois l’an, aux jours de calme plat, s’assit sur une chaise basse auprès de sa mère, tandis que les deux jeunes