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La pépinière est fournie, ne nous occupons point de ceux-là. Parmi les jeunes siégeant aujourd’hui, il y en a qui siégeront encore dans quarante ans.

Parlons des autres, des convaincus, des naïfs, des honnêtes, de ceux qui croient à la politique, au peuple, aux principes, au progrès, à la sagesse, à la puissance de la raison, à toutes les blagues sonores et vénérables, qui forment le fond de la malle politique d’un républicain sincère.

Oh ! les pauvres diables, quelle tête piteuse ils doivent faire le jour où le peuple souverain leur dit plaisamment, dans un moment de caprice et de gaieté : « Va t’asseoir ! »

Ils ont travaillé avec conscience, étudié, pioché : ils sentent vraiment battre leur cœur en prononçant ce mot « la République » ; car ils ont collaboré à sa naissance et à son élevage ; et voilà que ce grand Manitou de suffrage universel leur crie au nez : « Va t’asseoir. »