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UNE SURPRISE




Nous avons été élevés, mon frère et moi, par notre oncle l’abbé Loisel, « le curé Loisel », comme nous disions. Nos parents étant morts pendant notre petite enfance, l’abbé nous prit au presbytère et nous garda.

Il desservait depuis dix-huit ans la commune de Join-le-Sault, non loin d’Yvetot. C’était un petit village, planté au beau milieu de ce plateau du pays de Caux, semé de fermes qui dressent çà et là leurs carrés d’arbres dans les champs.

La commune, en dehors des chaumes disséminés par la plaine, ne comptait que six maisons alignées des deux côtés de la grande route, avec l’église à un bout du pays et la mairie neuve à l’autre bout.

Nous avons passé notre enfance, mon frère et moi, à jouer dans le cimetière. Comme il était à l’abri du vent, mon oncle nous y donnait nos leçons, assis tous trois