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gants, la broche, les bagues, tout avait disparu.

Je balbutiai : « Nous n’allons pas nous coucher maintenant, mon oncle, voici le jour. »

Le curé Loisel répondit : « Tu es bon, toi, mais je dormirai fort bien une heure ou deux. »

Et il s’approcha du lit, sa bougie à la main. J’attendais, haletant, éperdu. D’un seul coup, il ouvrit les rideaux !… Il faisait chaud (c’était en juin) ; nous avions retiré toutes les couvertures, et il ne restait que le drap que Louise affolée avait tiré sur sa tête. Pour mieux se cacher sans doute, elle s’était roulée en boule, et on voyait… on voyait… ses contours collés contre la toile.

Je sentis que j’allais tomber à la renverse.

Mon oncle se tourna vers moi riant jusqu’aux oreilles, si bien que je faillis fondre de stupéfaction.

Il s’écria : « Ah ! ah ! mon farceur, tu n’as pas voulu éveiller ton frère. Eh bien,