Page:Maupassant - Une lettre (extrait de Gil Blas, édition du 1885-06-12).djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Parfois ces lettres ont vingt mots, et parfois elles ont dix pages. Il suffit alors d’en lire dix lignes pour en comprendre la valeur et la teneur et les envoyer à la corbeille, cimetière des vieux papiers.

Par moments aussi ces épîtres donnent beaucoup à réfléchir : ainsi, celle que je me fais un cas de conscience de communiquer au public.

Conscience, n’est peut-être pas le mot juste, et il est bien certain que ma correspondante (c’est une femme qui m’écrit) ne m’en suppose pas une bien sévère. Je fais même preuve, en montrant qu’on me charge de pareilles commissions, d’une absence de sens moral qu’on me reprochera peut-être.

Je me suis demandé aussi, avec une certaine inquiétude, pourquoi j’avais été choisi parmi tant d’autres ; pourquoi on m’avait jugé plus apte que tous à rendre le service sollicité, comment on avait pu croire que je ne me révolterais point ?

Puis j’ai pensé que la nature légère de mes écrits avait bien pu influer sur le jugement hésitant d’une femme, et j’ai mis cela sur le compte de la littérature.

Mais avant de transcrire ici des fragments, tous les fragments essentiels de