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Mais il est possible aussi que cette pauvre fille ait écrit cette lettre sincèrement ! Que poussée par la misère, ne sachant plus que faire, perdant la tête, ne voyant personne qui puisse la secourir elle se soit dit : « Ce journaliste est peut-être un brave homme qui comprendra ma situation et qui me tendra la main ? »

Les femmes ont des âmes si compliquées, des réflexions si inattendues, des moyens si invraisemblables, des élans si spontanés ! Les racines de leurs combinaisons sont parfois si profondes, et parfois aussi leurs machinations si simples qu’elles nous déroutent par leur naïveté. Certes, il est possible, très possible que cette jeune fille, après avoir lu quelqu’un de ces articles où nous paraissons avoir un grand cœur, se soit dit : « Voilà mon sauveur. »

C’est même à cette hypothèse que je me suis arrêté. Elle n’est pas la plus vraisemblable, mais elle est la plus généreuse.

J’ai donc tenté de secourir ma singulière correspondante, et j’ai posé la même question à tous les célibataires de mon entourage.