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ou n’aimait-elle pas Aubert ? Peu importe. Aubert ne l’aimait plus : elle était donc une femme abandonnée. Cela suffit.

Changeante, nerveuse jusqu’à la folie, bouleversée par les plus fuyantes impressions, prête à tous les actes extrêmes, aux plus grands dévouements comme aux plus grands crimes, la femme, pour qui l’amour est tout (amour d’un homme, amour de ses enfants, amour du vice, amour de Dieu) est capable de tout dans un dépit d’amour. Combien s’empoisonnent en une heure de fièvre inexplicable ! Combien d’autres, des filles appartenant souvent au premier venu, poignardent et vitriolisent à bout portant un amant quelconque qui les abandonne !

Si l’on recherchait toutes les vengeances obscures, mais plus odieuses qu’un meurtre, des femmes délaissées, on demeurerait épouvanté à ne plus oser jamais dire une parole de ten-