Page:Maupassant - Un dilemme, paru dans Le Gaulois, 22 novembre 1881.djvu/4

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avouez-le, messieurs, dans le monde l’adultère, d’un côté comme de l’autre, est la règle presque constante, et la fidélité l’exception. Les hommes auraient tort de s’en plaindre. Les maris seuls ont le droit de réclamer, mais ils commencent presque toujours. Tant pis pour eux !



Comment d’ailleurs en serait-il autrement ?

Les jeunes filles, chez nous, en grande majorité, sont élevées loin de tout plaisir, sévèrement, chastement, saintement, comme dit Mlle Valtesse, dont je partage tout à fait les idées sur l’éducation de la future compagne de l’homme. On les remet, en général, immaculées à l’heureux époux. Le contraire est assurément très rare.

Jusqu’ici tout va bien ; car, ainsi que l’a proclamé fort galamment l’immortel Ponsard, en termes plus délicats que je ne pourrais le faire :


Je trouverais mauvais qu’une fille peu sage
Vécût avec un homme avant le mariage !


Le mariage est pour elle l’émancipation. Je ne sais qui en a donné cette définition très spirituelle : « une femme de