Page:Maupassant - Un dilemme, paru dans Le Gaulois, 22 novembre 1881.djvu/3

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je voudrais bien cependant ne point dire des choses qui paraîtront immorales ! Mais les idées reçues sur ce point sont tellement enracinées qu’on n’y peut guère toucher sans faire hurler, et tellement fausses que pas une ne peut résister à un examen sérieux.

Considérons dans notre société, telle qu’elle existe, ce qu’on appelle les « ménages » ; j’entends les ménages mondains. Le mariage a lié deux êtres qui se sont promis fidélité par un serment tout aussi sérieux que les serments politiques ; et les voilà partis, côte à côte, dans le monde. Il est admis, parfaitement admis par tous que la femme seule est tenue rigoureusement à ses devoirs. Quant à l’homme, il serait considéré comme un niais s’il ne continuait pas, après le mariage comme avant, son rôle d’homme galant. Il ne cesse point pour cela d’être considéré comme un galant homme.

Je signale seulement, après dix mille autres, cette odieuse anomalie.

Observons donc seulement la femme, qui, de l’avis de tous, doit rester fidèle à l’époux.

Demeure-t-elle fidèle en réalité ? Vais-je être lapidé si je réponds : « Non » en général. Pardon, mesdames !