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JEAN.

Ce n’est pas possible, vous avez une autre raison... (D’une voix hésitante.) L’enfant !


GILBERTE, vivement.

Non, non, vous vous trompez. Pauvre petit ! Est-ce que c’est sa faute, tout cela ? Non. Je souffre de quelque chose qui est uniquement en moi, qui ne vient que de moi et que je ne peux pas vous confesser. C’est une douleur de mon cœur, si vive quand je l’ai sentie naître sous la parole de mon frère et de votre oncle, que, si je devais l’éprouver en vivant près de vous, en femme, je ne m’y résoudrais jamais.


JEAN.

Mais quoi donc ?


GILBERTE.

Je ne peux pas vous le dire. (Elle s’assied à gauche.)


JEAN, debout.

Écoutez-moi. Il ne faut pas qu’il y ait en ce moment, entre nous, une ombre de malentendu. Toute notre vie en dépend. Vous êtes ma femme, mais je vous considère comme libre absolument après ce qui vient d’arriver. Je ferai ce que vous voudrez, je me prêterai à toutes les combinaisons possibles, même, si vous l’exigez, au divorce. Mais qu’adviendra-t-il de moi ensuite ? Je ne sais pas, car je vous aime tellement que la pensée de vous perdre ainsi, après vous avoir conquise, me jetterait sans doute en quelque résolution