Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
une répétition

madame destournelles

Vous en voulez beaucoup à cette comédie ?


m. destournelles

Certes ; je n’aime pas les bergers d’Arcadie !

Et puis je veux laisser à chacun son métier.

Tout le monde, il est vrai, pourrait être portier ;

Mais acteur… oh non pas ! Cela c’est autre chose.

Vous ignorez comment on rit, on marche, on cause

Quand on a, par hasard, un public devant soi.

Votre grand naturel est de mauvais aloi.


madame destournelles, nerveuse.

Je sais depuis longtemps cette vieille rengaine.


m. destournelles, pédantesquement.

Le vrai dans un salon est du faux sur la scène,

Et le vrai sur la scène est faux dans un salon !

L’actrice, dans le monde, a souvent mauvais ton,

Je vous l’accorde, mais, quand vous prenez sa place,

Votre plus doux sourire a l’air d’une grimace.


madame destournelles, sèchement.

Et vos charmants conseils ont l’air impertinent.

Est-ce fini ?


m. destournelles

Est-ce fini ?Non. Pas encore. — Maintenant,

Vos pièces de salon, fausses et précieuses,