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MADAME DE RONCHARD.

Ce n’est pas trop tôt !


PETITPRÉ.

Il s’agit d’un fait qui existe, patent, indéniable, et qui crée pour nous une intolérable situation. Nous avons uni notre fille à un homme libre de tout lien, de toute entrave dans la vie. Et il arrive ce que vous savez. Les conséquences doivent en être supportées par lui, et non par nous. Nous sommes lésés et déçus dans notre confiance, et le consentement que nous avons donné à ce mariage, nous l’aurions certainement refusé dans les circonstances actuelles.


MADAME DE RONCHARD.

Si nous l’aurions refusé ? Ah ! ah ! Plutôt deux fois qu’une ! D’ailleurs, cet enfant, si on l’acceptait, deviendrait certainement une cause de brouille entre nous tous. Voyez Gilberte mère à son tour. Que de jalousies, de rivalités, de haines peut-être, entre cet intrus et les autres ! Une pomme de discorde, que cet enfant-là.


MARTINEL.

Mais non, sacrebleu ! Il ne sera un fardeau pour personne, ce petit ! Grâce à Jean, sa mère lui aura laissé de quoi vivre largement ; et plus tard, quand il sera un homme, il travaillera, que diable ! Il fera comme j’ai fait, moi, comme font plus des neuf dixièmes du genre humain. Ce sera toujours un oisif de moins et ça n’en vaudra que mieux !