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MARTINEL.

C’est bien simple ! S’il avait connu plus tôt le danger que courait cette femme, aurait-il attendu la dernière heure, choisi ce soir enfin, cette minute suprême, pour aller dire adieu à cette mourante et pour vous révéler l’existence d’un fils illégitime ?... Mais on les cache quand on veut et comme on veut, ces enfants-1à, sacrebleu ! Vous le savez aussi bien que moi, monsieur !... Pour nous jeter tous ainsi dans cette émotion et compromettre son avenir, il eût fallu que Jean fût un imbécile et ce n’en est pas un. Et s’il l’avait sue plus tôt cette situation, pensez-vous qu’il ne me l’aurait pas confiée, à moi, et que j’aurais été assez bête, moi aussi, pour ne pas éviter ce désastre ? Mais c’est clair comme le jour ce que je vous dis là.


MADAME DE RONCHARD, agitée, toujours allant et venant dans la partie gauche de la scène.

Clair comme le jour... clair comme le jour...


MARTINEL.

Mais oui. Si nous n’avions pas reçu cette nouvelle comme une balle qui tue toute réflexion, si nous avions eu le temps de raisonner, de nous concerter, nous pouvions vous cacher tout. Et du diable si vous en auriez jamais su quelque chose ! Notre tort a été d’être trop sincères et trop loyaux. Je ne le regrette pas d’ailleurs. Il faut toujours agir loyalement dans la vie.


MADAME DE RONCHARD.

Permettez, monsieur...