Que voulez-vous, madame Babin ! Faut bien qu’on meure, puisqu’on naît. La terre deviendrait trop petite.
On devrait s’en aller de la même façon, à la même âge, tout le monde ; comme ça, y aurait point de surprise.
Vous avez des idées simples, madame Babin. Moi, j’aime mieux ne pas savoir. Je voudrais finir comme on s’endort, une nuit, pendant le sommeil, sans souffrance, par un accident du cœur.
Si c’est pas fou de s’avoir voulu lever sur une chaise longue, comme elle a fait ! Le médecin l’a bien dit que ça pourrait la faire mourir du coup.
Moi, je comprends ça. Quand on tient à un homme, voyez-vous, on fait toutes les folies. Et puis, quand on est coquette, nourrice, vous ne connaissez pas ça, vous autres de la campagne, on l’est dans l’âme, comme on serait dévote. C’est pour ça qu’elle a voulu faire un brin de toilette. Elle craignait d’être laide, vous comprenez. Il a fallu que je la peigne, que je l’arrange bien, que je lui fasse sa tête, comme on dit.