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Agay, 8 avril.


— Beau temps, monsieur.

Je me lève et monte sur le pont. Il est trois heures du matin ; la mer est plate, le ciel infini ressemble à une immense voûte d’ombre ensemencée de graines de feu. Une brise très légère souffle de terre.

Le café est chaud, nous le buvons, et, sans perdre une minute pour profiter de ce vent favorable, nous partons.

Nous voilà glissant sur l’onde, vers la pleine mer. La côte disparaît ; on ne voit plus rien autour de nous que du noir. C’est là une sensation, une émotion troublante et délicieuse : s’enfoncer dans cette nuit vide, dans ce silence, sur cette eau, loin de tout. Il semble qu’on quitte le