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SUR L’EAU

mêmes, sans parvenir à sortir de nous, condamnés à traîner le boulet de noir rêve sans essor.

Tout le progrès de notre effort cérébral consiste à constater des faits matériels au moyen d’instruments ridiculement imparfaits, qui suppléent cependant un peu à l’incapacité de nos organes. Tous les vingt ans, un pauvre chercheur qui meurt à la peine découvre que l’air contient un gaz encore inconnu, qu’on dégage une force impondérable, inexplicable et inqualifiable en frottant de la cire sur du drap, que parmi les innombrables étoiles ignorées, il s’en trouve une qu’on n’avait pas encore signalée dans le voisinage d’une autre, vue et baptisée depuis longtemps. Qu’importe ?

Nos maladies viennent des microbes ? Fort bien. Mais d’où viennent ces microbes ? et les maladies de ces invisibles eux-mêmes ? Et les soleils d’où viennent-ils ?

Nous ne savons rien, nous ne voyons