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SUR L’EAU

six cuirassés et les deux avisos tournent lentement sur leurs ancres présentant leur proue à l’ouest. Puis nous virons de bord vers le large, pour passer les Formigues que signale une tour, au milieu du golfe. Le vent fraîchit de plus en plus avec une surprenante rapidité et la vague se lève courte et pressée. Le yacht s’incline portant toute sa toile et court suivi toujours du youyou dont l’amarre est tendue et qui va, le nez en l’air, le cul dans l’eau, entre deux bourrelets d’écume.

En approchant de l’île Saint-Honorat, nous passons auprès d’un rocher nu, rouge, hérissé comme un porc-épic tellement rugueux, armé de dents, de pointes et de griffes qu’on peut à peine marcher dessus ; il faut poser le pied dans les creux, entre ses défenses, et avancer avec précaution ; on le nomme Saint-Ferréol.

Un peu de terre venue on ne sait d’où s’est accumulée dans les trous et les fissures de la roche ; et là-dedans ont poussé des sortes de lis et de charmants iris