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SUR L’EAU

On ne voyait rien, on sentait seulement les montées et les descentes du yacht sur cette mer remuante et ténébreuse.

Bernard disait :

— Il y a eu gros vent au large cette nuit, monsieur. Nous aurons de la chance si nous arrivons sans misère.

Le jour se levait, clair, sur la foule agitée des vagues, et nous regardions tous les trois au large si la bourrasque ne reprenait pas.

Cependant le bateau allait vite, vent arrière et poussé par la mer. Déjà nous nous trouvions par le travers d’Agay, et nous délibérâmes si nous ferions route vers Cannes, en prévision du mauvais temps, ou vers Nice, en passant au large des îles.

Bernard préférait entrer à Cannes ; mais comme la brise ne fraîchissait pas, je me décidai pour Nice.

Pendant trois heures tout alla bien, quoique le pauvre petit yacht roulât