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SUR L’EAU

Elle habitait de l’autre côté du mont qui porte la Chartreuse de La Verne, près de la route d’Hyères, où une autre voiture m’attendait, car l’ornière que nous avions suivie, cessait tout à coup et devenait un simple sentier accessible seulement aux piétons et aux mulets.

Je me mis donc à monter, seul, à pied et à pas lents. J’étais dans une forêt délicieuse, un vrai maquis corse, un bois de contes de fées fait de lianes fleuries, de plantes aromatiques aux odeurs puissantes et de grands arbres magnifiques.

Les granits dans le chemin brillaient et roulaient, et par les jours entre les branches j’apercevais soudain de larges vallées sombres, s’allongeant à perte de vue, pleines de verdure.

J’avais chaud, mon sang vif coulait à travers ma chair, je le sentais courir dans mes veines un peu brûlant, rapide, alerte, rythmé, entraînant comme une chanson, la grande chanson bête et gaie de la vie qui s’agite au soleil. J’étais content, j’é-