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SUR L’EAU

pierres, paraît soudain devenu sage et suit son cours quelque temps ; mais, saisi tout à coup par une brusque fantaisie, il se précipite de nouveau dans le chemin qu’il change en mare, où le cheval enfonce jusqu’au poitrail et la haute voiture jusqu’au coffre.

Plus de maisons ; de place en place une hutte de charbonniers. Les plus pauvres demeurent en des trous. Se figure-t-on que des hommes habitent en des trous, qu’ils vivent là toute l’année, cassant du bois et le brûlant pour en extraire du charbon, mangeant du pain et des oignons, buvant de l’eau et couchant comme les lapins en leurs terriers, au fond d’une étroite caverne creusée dans le granit. On vient d’ailleurs de découvrir, au milieu de ces vallons inexplorés, un solitaire, un vrai solitaire, caché là depuis trente ans, ignoré de tous, même des gardes forestiers.

L’existence de ce sauvage, révélée je ne sais par qui, fut signalée sans doute