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SUR L’EAU

semblent des jaillissements d’écume immobile et figée. Et le soleil se lève derrière ces glaces, sur qui sa lumière tombe en coulée d’argent.

Mais voilà que, doublant le cap d’Antibes, nous découvrons les îles de Lérins, et loin par derrière, la chaîne tourmentée de l’Estérel. L’Estérel est le décor de Cannes, charmante montagne de keepsake, bleuâtre et découpée élégamment, avec une fantaisie coquette et pourtant artiste, peinte à l’aquarelle sur un ciel théâtral par un créateur complaisant pour servir de modèle aux Anglaises paysagistes et de sujet d’admiration aux altesses phtisiques ou désœuvrées.

À chaque heure du jour, l’Estérel change d’effet et charme les yeux du high life.

La chaîne des monts correctement et nettement dessinée se découpe au matin sur le ciel bleu, d’un bleu tendre et pur, d’un bleu propre et joli, d’un bleu idéal