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Est-ce que cette parole, aujourd’hui, ne nous semble pas aussi belle qu’une victoire. N’a-t-elle pas illustré le prince plus que la conquête d’un royaume ? Nous avons oublié les noms de la plupart des grandes batailles livrées à cette époque lointaine ; oubliera-t-on jamais : « Tout est perdu, fors l’honneur… ? »

Henri IV ! Saluez, messieurs, c’est le maître ! Sournois, sceptique, malin, faux bonhomme, rusé comme pas un, plus trompeur qu’on ne saurait croire, débauché, ivrogne et sans croyance à rien, il a su, par quelques mots heureux se faire dans l’histoire une admirable réputation de roi chevaleresque, généreux, brave homme, loyal et probe.

Oh ! le fourbe, comme il savait jouer, celui-là, avec la bêtise humaine.

« Pends-toi, brave Crillon, nous avons vaincu sans toi ! »

Après une parole semblable, un général est toujours prêt à se faire pendre ou tuer pour son maître.