Page:Maupassant - Sur l’Eau (édition Marpon et Flammarion), 1888.pdf/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
SUR L’EAU

vons encore gré de cette parole de mélodrame.

Jean II, prisonnier du prince de Galles, lui dit, avec une bonne grâce chevaleresque et une galanterie de troubadour français : « Je comptais vous donner à souper aujourd’hui ; mais la fortune en dispose autrement et veut que je soupe chez vous. »

On n’est pas plus gracieux dans l’adversité.

« Ce n’est pas au roi de France à venger les querelles du duc d’Orléans, » déclara Louis XII avec générosité.

Et c’est là, vraiment, un grand mot de roi, un mot digne d’être retenu par tous les princes.

François Ier, ce grand nigaud, coureur de filles et général malheureux, a sauvé sa mémoire et entouré son nom d’une auréole impérissable, en écrivant à sa mère ces quelques mots superbes, après la défaite de Pavie : « Tout est perdu, madame, fors l’honneur. »