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SUR L’EAU

leurs, il surveille tout sans cesse et pousse la propreté jusqu’à frotter les cuivres dès qu’une goutte d’eau les atteint.

Raymond, son beau-frère, est un fort gars, brun et moustachu, infatigable et hardi, aussi franc et dévoué que l’autre, mais moins mobile et nerveux, plus calme, plus résigné aux surprises et aux traîtrises de la mer.

Bernard, Raymond et le baromètre sont parfois en contradiction et me jouent une amusante comédie à trois personnages, dont un muet, le mieux renseigné.

— Sacristi, monsieur, nous marchons bien, disait Bernard.

Nous avons passé, en effet, le golfe de la Salis, franchi la Garoupe, et nous approchons du cap Gros, roche plate et basse allongée au ras des flots.

Maintenant, toute la chaîne des Alpes apparaît, vague monstrueuse qui menace la mer, vague de granit couronnée de neige dont tous les sommets pointus