Page:Maupassant - Sur l’Eau (édition Marpon et Flammarion), 1888.pdf/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
SUR L’EAU

Et je voyais en eux toute la France, la France légendaire, spirituelle, mobile, brave et galante.

Ces hommes étaient des types de la race, types vulgaires qu’il me suffirait de poétiser un peu pour retrouver le Français tel que nous le montre l’histoire, cette vieille dame exaltée et menteuse.

Et c’est vraiment une race amusante que la nôtre, par des qualités très spéciales qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.

C’est d’abord notre mobilité qui diversifie si allègrement nos mœurs et nos institutions. Elle fait ressembler le passé de notre pays à un surprenant roman d’aventures dont la suite à demain est toujours pleine d’imprévu, de drame et de comédie, de choses terribles ou grotesques. Qu’on se fâche et qu’on s’indigne, suivant les opinions qu’on a, il est bien certain que nulle histoire au monde n’est plus amusante et plus mouvementée que la nôtre.

Au point de vue de l’art pur — et pour-