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SUR L’EAU

core, et on meurt presque tout de suite de la brusque rupture de cette longue et acharnée habitude du bureau quotidien, des mêmes mouvements, des mêmes actions, des mêmes besognes aux mêmes heures.


Au moment où j’entrais à l’hôtel pour y déjeuner, on me remit un effrayant paquet de lettres et de journaux qui m’attendaient, et mon cœur se serra comme sous la menace d’un malheur. J’ai la peur et la haine des lettres ; ce sont des liens. Ces petits carrés de papier qui portent mon nom me semblent faire, quand je les déchire, un bruit de chaînes, le bruit des chaînes qui m’attachent aux vivants que j’ai connus, que je connais.

Toutes me disent, bien qu’écrites par des mains différentes : « Où êtes-vous ? Que faites-vous ? Pourquoi disparaître ainsi sans annoncer où vous allez ? Avec qui vous cachez-vous ? » Une autre ajou-