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SUR L’EAU

superbe qu’on appelle encore le pays des Maures. C’est une longue presqu’île de montagnes dont les rivages seuls ont un développement de plus de cent kilomètres.

Saint-Tropez, à l’entrée de l’admirable golfe nommé jadis golfe de Grimaud, est la capitale de ce petit royaume sarrazin dont presque tous les villages, bâtis au sommet de pics qui les mettaient à l’abri des attaques, sont encore pleins de maisons mauresques avec leurs arcades, leurs étroites fenêtres et leurs cours intérieures où ont poussé de hauts palmiers qui dépassent à présent les toits.

Si on pénètre à pied dans les vallons inconnus de cet étrange massif de montagnes, on découvre une contrée invraisemblablement sauvage, sans routes, sans chemins, même sans sentiers, sans hameaux, sans maisons.

De temps en temps, après sept ou huit heures de marche, on aperçoit une masure, souvent abandonnée, et parfois ha-