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SUR L’EAU

se débattent en vain au milieu de liens menus, irrésistibles, innombrables et presque imperceptibles. Puis on cesse bientốt de lutter, par fatigue.

Mais un remous eut lieu dans le public, les mariés allaient sortir. Et soudain je fis comme tout le monde, je me dressai sur la pointe des pieds pour voir, et j’avais envie de voir, une envie bête, basse, répugnante, une envie de peuple. La curiosité de mes voisins m’avait gagné comme une ivresse ; je faisais partie de cette foule.

Pour occuper le reste de ma journée, je me décidai à faire une promenade en canot sur l’Argens. Ce fleuve, presque inconnu et ravissant, sépare la plaine de Fréjus des sauvages montagnes des Maures.

Je pris Raymond, qui me conduisit à l’aviron en longeant une grande plage basse jusqu’à l’embouchure, que nous trouvâmes impraticable et ensablée en partie. Un seul canal communiquait avec