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SUR L’EAU

comme Carmen, destinées plus tard à un immense succès.

Ce que j’ai dit des foules doit s’appliquer d’ailleurs à la société tout entière, et celui qui voudrait garder l’intégrité absolue de sa pensée, l’indépendance fière de son jugement, voir la vie, l’humanité et l’univers en observateur libre, au-dessus de tout préjugé, de toute croyance préconçue et de toute religion, c’est-à-dire de toute crainte, devrait s’écarter absolument de ce qu’on appelle les relations mondaines, car la bêtise universelle est si contagieuse qu’il ne pourra fréquenter ses semblables, les voir et les écouter sans être, malgré lui, entamé de tous les côtés par leurs convictions, leurs idées, leurs superstitions, leurs traditions, leurs préjugés qui font ricocher sur lui, leurs usages, leurs lois et leur morale surprenante d’hypocrisie et de lâcheté.

Ceux qui tentent de résister à ces influences amoindrissantes et incessantes