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SUR L’EAU

commune comme une goutte d’eau se mêle à un fleuve.

Sa personnalité avait disparu, devenant une infime parcelle d’une vaste et étrange personnalité, celle de la foule.

Les paniques qui saisissent une armée et ces ouragans d’opinions qui entraînent un peuple entier, et la folie des danses macabres, ne sont-ils pas encore des exemples saisissants de ce même phénomène.

En somme, il n’est pas plus étonnant de voir les individus réunis former un tout que de voir des molécules rapprochées former un corps.

C’est à ce mystère qu’on doit attribuer la morale si spéciale des salles de spectacle et les variations de jugement si bizarres du public des répétitions générales au public des premières et du public des premières à celui des représentations suivantes, et les déplacements d’effets d’un soir à l’autre, et les erreurs de l’opinion qui condamne des œuvres