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SUR L’EAU

Agay est en effet, pendant l’été, le rendez-vous de tous les pêcheurs de la côte. On vient là en famille, on couche à l’auberge ou dans les barques, et on mange la bouillabaisse au bord de la mer, à l’ombre des pins dont la résine chaude crépite au soleil.

Je demandai :

— Quelle heure est-il ?

— Trois heures, monsieur.

Alors, sans me lever, allongeant le bras, j’ouvris la porte qui sépare ma chambre du poste d’équipage.

Les deux hommes étaient accroupis dans cette sorte de niche basse que le mât traverse pour venir s’emmancher dans la carlingue, dans cette niche si pleine d’objets divers et bizarres qu’on dirait un repaire de maraudeurs où l’on voit suspendus en ordre, le long des cloisons, des instruments de toute sorte, scies, haches, épissoires, des agrès et des casseroles, puis, sur le sol entre les deux couchettes, un seau, un fourneau, un baril dont les