Page:Maupassant - Sur l’Eau (édition Marpon et Flammarion), 1888.pdf/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
SUR L’EAU

poules avaient éparpillé la cendre, et on entendait dans un coin sombre un bruit de soufflet rauque et rapide. C’était l’enfant qui respirait.

La mère, étendue dans une sorte de grande caisse de bois, le lit des paysans et cachée par de vieilles couvertures et de vieilles hardes, semblait tranquille. Elle tourna un peu la tête vers nous.

Le médecin lui demanda :

— Avez-vous une chandelle ?

Elle répondit d’une voix basse, accablée :

— Dans le buffet.

Il prit la lumière et m’emmena au fond de l’appartement, vers la couchette de la petite fille.

Elle haletait, les joues décharnées, les yeux luisants, les cheveux mêlés, effrayante. Dans son cou maigre et tendu, des creux profonds se formaient à chaque aspiration. Allongée sur le dos, elle serrait de ses deux mains les loques qui la couvraient ; et, dès qu’elle nous vit, elle