Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

projets, avait été trouver un homme à qui son mari avait rendu jadis un service capital. Elle s’adressait à un cœur reconnaissant, et elle se fit un allié aussi dévoué qu’énergique. Ils réglèrent ensemble tous les détails ; puis elle se rendit à Gênes sous un faux nom et loua, sous prétexte d’une excursion à Naples, un petit vapeur italien au prix de mille francs par jour, en stipulant que le voyage durerait au moins une semaine et qu’on pourrait le prolonger d’un temps égal aux mêmes conditions.

Le bâtiment se mit en route ; mais à peine eut-il pris la mer que la voyageuse parut changer de résolution, et elle demanda au capitaine s’il lui déplaisait d’aller jusqu’à Cannes chercher sa belle-sœur. Le marin y consentit volontiers et jeta l’ancre, le dimanche soir, au golfe Juan.

Mme  Bazaine se fit mettre à terre en recommandant que le canot ne s’éloignât point. Son complice dévoué l’attendait avec une autre barque sur la promenade de la Croisette, et ils traversèrent la passe qui sépare du continent la petite île de