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pas, et elle lui exposa son plan. Il hésitait devant les dangers de la fuite et les doutes sur le succès ; mais quand il vit sa femme décidée à accomplir sa menace, il consentit.

Alors, chaque jour, on introduisit dans la forteresse des jouets pour les petits, toute une minuscule gymnastique de chambre. C’est avec ces joujoux que fut fabriquée la corde à nœuds qui devait servir au maréchal. Elle fut confectionnée lentement, pour ne pas éveiller de soupçons, puis cachée avec soin dans un coin du préau par une main amie.

La date de l’évasion fut alors fixée. On choisit un dimanche, la surveillance ayant paru moins sévère ce jour-là.

Et Mme  Bazaine s’absenta pour quelque temps.

Le maréchal se promenait généralement jusqu’à huit heures du soir dans le préau de la prison, en compagnie du directeur, homme aimable dont le commerce lui plaisait. Puis il rentrait en ses appartements, que le geôlier chef verrouillait et cadenassait en présence de son supérieur.