Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cependant un peu à l’incapacité de nos organes. Tous les vingt ans, un pauvre chercheur qui meurt à la peine, découvre que l’air contient un gaz encore inconnu, qu’on dégage une force impondérable, inexprimable et inqualifiable en frottant de la cire sur du drap, que parmi les innombrables étoiles ignorées, il s’en trouve une qu’on n’avait pas encore signalée dans le voisinage d’une autre, vue et baptisée depuis longtemps. Qu’importe ?

Nos maladies viennent des microbes ? Fort bien. Mais d’où viennent ces microbes ? et les maladies de ces invisibles eux-mêmes ? Et les soleils d’où viennent-ils ?

Nous ne savons rien, nous ne voyons rien, nous ne pouvons rien, nous ne devinons rien, nous n’imaginons rien, nous sommes enfermés, emprisonnés en nous. Et des gens s’émerveillent du génie humain !

Les arts ? La peinture consiste à reproduire avec des couleurs les monotones paysages sans qu’ils ressemblent jamais à la nature, à dessiner